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chaque jour par son fiancé. Elle demeura un long moment immobile, les lèvres serrées, les yeux mi-clos. Puis, se levant tout à coup, elle alla vers un bonheur-du-jour et prit dans l’un des tiroirs un écrin qu’elle ouvrit.

Une bague reposait là, sur le satin blanc — la bague de fiançailles que Christian lui avait fait remettre par Mme Vannier. Mitsi ne l’avait pas portée encore… Elle la prit d’une main tremblante, la mit en hésitant à son doigt… puis elle la retira et la jeta dans le tiroir en murmurant d’une voix brisée :

— Non, non, je ne peux pas !

Marthe apparut à ce moment au seuil du salon.

— Quelle robe Mademoiselle veut-elle mettre ce soir ?

— N’importe laquelle, ma bonne Marthe.

— La mauve, qui va si bien à Mademoiselle ?

— Celle que vous voudrez, Marthe. Cela m’est tellement indifférent !

Marthe lui jeta un coup d’œil anxieux. Elle s’étonnait et s’inquiétait de voir cette charmante Mitsi, qui semblait autrefois d’humeur égale, devenir nerveuse, un peu fantasque, avec des moments de sombre rêverie. Toutefois, se rencontrant en ceci avec M. de Tarlay, elle pensait que celui-ci aurait vite fait de changer cet état d’esprit, qui influait défavorablement sur la santé de la jeune fille.

Quand Christian, un peu avant l’heure du dîner, entra dans le salon où se tenaient Mme Vannier et Mitsi, il vit sa fiancée debout au seuil d’une des portes-fenêtres donnant sur le jardin de l’hôtel. Les derniers reflets du jour enveloppaient sa fine silhouette, sa petite tête aux brillantes boucles noires. Elle tenait les yeux un peu baissés, et ne les releva pas quand Christian s’approcha d’elle. D’un mouvement lent, qui hésitait encore, elle lui