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— Certes, mon enfant.

Et la vieille dame fit quelques pas dans la direction où se trouvait Christian.

Mais lui, ayant compris l’intention de Mitsi, s’avançait déjà, un peu pâle, contenant son intense émotion. Il s’inclina, serra la main de sa parente, puis celle qu’après une visible hésitation lui tendait Mitsi.

— Je vous remercie de me donner cette joie !

Il parlait à mi-voix, en la regardant avec une adoration brûlante… Et ce regard rencontra un petit visage tendu, impassible, des yeux sombres qui se dérobaient sous leurs cils tremblants.

Mme Vannier se mit à discourir aussitôt, pour atténuer la gêne de cette première rencontre. Puis elle demanda, en s’adressant à la jeune fille qui restait silencieuse :

— Nous invitons ce soir Christian à dîner, n’est-ce pas, chère petite ?

Avec effort, en gardant sa même contenance impassible, Mitsi répondit :

— Certainement, madame.

Christian les accompagna jusqu’à leur voiture et les quitta avec un « à bientôt » qui ne rencontra d’écho que chez Mme Vannier. L’attitude de Mitsi l’avait impressionné. Mais tandis que son coupé, emporté par deux admirables trotteurs, l’emmenait vers l’hôtel Meurice, il songeait avec la confiance de l’homme très amoureux et du conquérant sûr de son pouvoir : « Je l’aurai vite rassurée, ma petite Mitsi très chère. Le premier pas est fait. Maintenant, je la verrai chaque jour, et je saurai plaider ma cause ! »

En rentrant dans son appartement à l’hôtel de Tarlay, Mitsi, après avoir remis son chapeau et sa jaquette entre les mains de Marthe, promue au grade de femme de chambre, alla s’asseoir d’un air lassé dans le salon décoré des fleurs merveilleuses envoyées