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— Je vous en prie, qu’il ne soit plus question de lui !

Mme Vannier n’insista pas. Mais elle restait sceptique et pensait que la première entrevue entre les fiancés remettrait tout au point.

En attendant que Mitsi se décidât à mettre un terme à l’attente de Christian, la vieille dame commença de sortir avec elle pour organiser son trousseau, faire confectionner ses toilettes. Secrètement, sans en rien dire à sa jeune compagne, elle suivait les instructions de Christian, qui voulait que rien ne fût épargné pour sa fiancée. Mitsi, lasse, indifférente, se laissait faire et voyait approcher avec angoisse la date fixée pour le mariage.

« Il faut pourtant que je le revoie avant… il le faut », songeait-elle en frémissant.

Et chaque jour, elle retardait en se disant : « Demain… demain je serai plus forte, plus courageuse ! »

Un après-midi, Mme Vannier se rendant à un concert, elle se décida à l’accompagner, au dernier moment. Comme elles quittaient la salle, à la fin de l’audition, Mitsi vit à quelques pas d’elles une haute silhouette élégante, un fier et beau visage, des yeux ardents qui s’attachaient à elle, passionnément.

Elle frissonna et crut que son cœur cessait de battre, sous la violence de l’émotion. Son regard se détourna… Puis elle pensa : « Aujourd’hui… ou demain… puisqu’il le faut… Et mieux vaut ici, au milieu de ces étrangers. »

Alors, en se raidissant un peu, elle tourna de nouveau la tête vers Christian qui continuait de la regarder, avec la même ardeur concentrée. Puis elle dit à Mme Vannier, en essayant de donner un ton naturel à sa voix :

— M. de Tarlay est là, madame. Si vous le voulez, nous pouvons aller vers lui.