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Une huitaine de jours plus tard, Mitsi vit arriver à l’hôtel de Tarlay une petite femme septuagénaire, vêtue avec une élégance de bon ton et possédant une aimable physionomie qui plut aussitôt à la jeune fille. C’était Mme Vannier, cousine de Christian et de Mitsi. Sur la demande de M. de Tarlay, elle arrivait de Normandie, où elle passait l’été, pour venir servir de chaperon à cette jeune parente inconnue. Mitsi en avait été informée par un mot de son fiancé — car celui-ci, obéissant à son désir, ne l’avait pas encore revue.

Mme Vannier avait la plus grande admiration pour Christian et dès le premier jour elle voulut entamer son éloge. Mais Mitsi l’interrompit aussitôt, avec une nerveuse vivacité :

— Je vous serai très reconnaissante de ne jamais me parler de lui.

Interloquée, la vieille dame balbutia :

— Mais, mon enfant… est-ce que, sérieusement, vous lui gardez rancune à ce point ?

Comme Mitsi ne lui répondait pas et tenait obstinément baissés les yeux que cherchait à rencontrer sa parente, celle-ci lui prit les mains et se pencha pour l’embrasser, en disant à mi-voix, avec un petit sourire amusé :

— Voyons, ce n’est pas sérieux ?… car il est impossible que vous ne l’aimiez pas à la folie, ce cher Christian !

Mitsi retira brusquement ses mains, avec un rire sourd, presque douloureux.

— L’aimer !… à la folie ! Ah ! par exemple ! S’il compte sur moi pour cela !…

Et, passant sur son front une main fiévreuse, elle ajouta d’un ton de prière :