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devoirs, je consens de mon côté à l’épouser. Mais je voudrais qu’il attendît encore, car je… je suis encore très souffrante, et il me sera si pénible…

Elle rougissait, pâlissait, tandis que tremblaient ses lèvres.

— Christian se ferait certainement un devoir d’accéder à votre désir, mademoiselle… mais songez que la situation est un peu délicate. Mieux vaudrait qu’elle fût réglée sans trop de retard… Un mois vous paraîtrait-il un délai raisonnable ?

Elle soupira, en froissant nerveusement l’une contre l’autre ses mains amaigries.

Un mois !… que c’est court !… Enfin, puisqu’il le faut !

Puis, avec un regard où se mêlaient singulièrement la prière et une sorte de détresse, elle dit presque bas :

— Vous lui demanderez de ne pas venir encore… d’attendre que… que je sois un peu remise. Il me sera si pénible de le revoir… après ce que j’ai souffert par lui !

— Certainement, Christian se conformera à votre désir, mademoiselle. Il ne se présentera devant vous que lorsque vous le voudrez bien.

Quand, un peu après, Svengred fit part à son ami de cet entretien, Christian, se mordant la lèvre, dit à mi-voix, non sans amertume :

— Comme elle se venge, cette petite Mitsi !

Svengred pensa, avec un mélange d’ironie et de compassion : « Oui, mon beau Christian, tu n’es pas habitué à cela. J’espère que l’épreuve te sera salutaire, et que tu n’en aimeras que plus fortement celle par qui tu connais enfin la souffrance… l’indispensable souffrance qui trempe les âmes et les rend pitoyables aux maux d’autrui ! »