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— Que voulez-vous dire, monsieur ?

— Mon ami sait qu’il a beaucoup à se faire pardonner… Il a éprouvé de profonds regrets, il a beaucoup souffert de vos souffrances, dont il était la cause. Moi qui le connais bien, je puis vous assurer de sa sincérité. Il vous aime, mademoiselle, très ardemment… et il vous demande de lui accorder votre main.

Mitsi bondit sur son fauteuil.

— Moi !… moi ! Il ose !… Il croit donc que j’ai oublié ?

Svengred, abasourdi par cette véhémence, par la farouche colère du regard, balbutia :

— Mais, mademoiselle, c’est précisément avec le grand désir de réparer le tort qu’il a fait…

Elle riposta âprement :

— Alors, il croit que parce qu’il daignera, maintenant que je suis bien vraiment sa cousine, et riche, me donner son nom, tout sera réparé ? — tout, c’est-à-dire ce que j’ai enduré de souffrances physiques et plus encore morales, et le déshonneur immérité, et… et enfin tout ce que je souffre, ô mon Dieu !… tout ce que je souffre !

Elle mit son visage entre ses mains et Svengred vit ses épaules qui se soulevaient convulsivement.

Bouleversé jusqu’au fond de l’être, il la regardait, ne sachant plus que dire devant cette révolte et cette douleur. L’âme fière, ardente et profondément sensible de Mitsi se dévoilait à ses yeux, et il pensait avec un peu d’angoisse « Christian l’a profondément blessée. Il aura peut-être plus de peine que je ne le croyais à fermer cette plaie ».

Mitsi, enfin, laissa retomber ses mains, montrant son visage empourpré, ses yeux brillants de larmes.

— Pardonnez-moi… mais j’ai passé par de si