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commis sur la pauvre Ilka. Mitsi, les mains jointes, frissonnante, écoutait avidement, l’interrompant parfois pour poser une question, murmurant douloureusement :

— Ma pauvre maman !… Et ils te couvraient de boue !… Ils n’avaient pas assez de mépris pour la fille de la ballerine !

— Christian a chassé de chez lui ce gredin. Quant à Mme Debrennes, qui le protégeait, elle a quitté la demeure de son petit-fils et vivra maintenant chez elle. Vos ennemis sont donc punis, mademoiselle, et Christian va s’occuper de vous faire rentrer dans vos droits, c’est-à-dire de vous rendre la fortune de votre père, augmentée de tous les intérêts et bénéfices…

Elle l’interrompit en se redressant, le visage empourpré, les yeux étincelants…

— Je ne veux rien, rien de lui !… Dès que j’en aurai la force, je quitterai cette demeure où il m’a amenée sans que j’en aie conscience, et je chercherai du travail…

D’un geste apaisant, Svengred posa sa main sur celle de la jeune fille, toute brûlante.

— Ne parlez pas comme une enfant, mademoiselle Mitsi. Cette fortune vous appartient, et la plus élémentaire probité interdirait à Christian de la conserver. Il en a joui jusqu’ici par ignorance, croyant sincèrement que Georges Douvres n’avait pas contracté d’union légitime, et que votre pauvre mère était une femme indigne. Mais maintenant qu’il sait toute la vérité, ce qui vous appartient vous sera intégralement remis. En outre, il vous reconnaît officiellement pour sa cousine… en attendant que vous lui permettiez de vous donner un autre nom.

D’une voix brève, un peu saccadée, Mitsi demanda, en attachant sur son interlocuteur des yeux devenus très sombres :