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qu’elle soit au courant des événements qui ont changé sa vie. Or, je crains qu’elle soit longue à vouloir me recevoir.

— Si tu le désires, je puis lui faire demander une entrevue, lui raconter ce que j’ai appris là-bas… et puis lui dire ce que tu souhaites.

Christian saisit les mains de son ami et les pressa énergiquement.

— Non, Olaüs, non ! Je n’ai déjà que trop demandé à ton amitié ! Ce nouveau sacrifice, je ne l’accepterai pas !

Svengred secoua la tête, en souriant avec mélancolie.

— Si, accepte-le sans scrupule, mon cher Christian. J’ai un cœur plus calme que le tien, et qui sait se résigner, se soumettre à la volonté divine, envisager sans trop d’effroi, parfois même avec une sorte de joie, la perspective de la mort qui me guette. Mon père a quitté ce monde vers la trentaine, et j’ai la même maladie que lui…

— Mon ami, ne te laisse pas aller à ces pensées désolantes !

— Je ne puis me bercer d’illusions à ce sujet, Christian. Mais pour en revenir à Mitsi, j’irai la voir, dès qu’elle sera mieux, et je lui parlerai… Je plaiderai ta cause, en bon avocat, je te l’affirme !

— Oh je ne doute pas de toi, cher Olaüs ! Tu es mon seul véritable ami celui — qui ne m’a jamais flatté hors de propos et n’a pas craint de me faire sentir mes torts. Aussi possèdes-tu ma plus profonde estime, mon affection et ma confiance entière, que je te prouve en acceptant ce que tu m’offres si généreusement.