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refusé de bons partis… si bien qu’aujourd’hui, atteignant la trentaine, ayant perdu sa fraîcheur, la belle Florine se voyait avec effroi réduite au revenu assez mince de la fortune qui lui venait de sa mère, sans pouvoir compter désormais sur la générosité de la présidente, celle-ci ayant déclaré en gémissant que la rente — fort belle pourtant — dont son petit-fils lui « faisait l’aumône » suffirait tout juste à lui assurer une existence à peu près convenable.

Mitsi, ignorante de ces événements, sortait peu à peu de la torpeur résultant de la fièvre. Très affaiblie, elle n’avait d’abord presque plus de pensée… Puis elle put bientôt se rendre compte de l’élégance sobre, du confort luxueux qui l’entouraient. Alors, elle demanda à Marthe :

— Où suis-je, ici ?

— À l’hôtel de Tarlay, ma chère petite Mitsi.

Elle répéta, d’une voix étouffée :

— À l’hôtel de Tarlay !

Puis la mémoire lui revint de tout ce qui avait précédé son départ de chez la Bolomeff, et des paroles, du regard de Christian, qu’elle avait tant craint de rencontrer à nouveau, et qui était à ce moment-là si ardemment-tendre.

Elle enfouit son visage tout à coup brûlant dans l’oreiller de batiste et ne fit pas d’autres questions ce jour-là.

Le lendemain, elle demanda avec un frémissement dans la voix :

— M. de Tarlay est-il à Rivalles ?

— Non, il y va seulement de temps à autre, pour jeter un coup d’œil aux forges… car M. Parceuil n’est plus directeur, grâce au ciel !

— Comment ?… Serait-ce possible ?

— Oh ! il s’est passé bien des choses !… Et M. le vicomte doit vous demander de le recevoir dès que