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II


En se réveillant le lendemain dans l’étroite petite chambre que lui avait attribuée Léonie, la femme de charge, Mitsi se demanda un moment où elle se trouvait… Puis le souvenir lui revint, accompagné de la souffrance poignante qui, la veille, l’avait fait sangloter longtemps dans la nuit.

Seule ici, au milieu d’étrangers qu’elle avait pressentis aussitôt hostiles, ou tout au moins indifférents, elle se sentait comme perdue et sa pauvre jeune âme en détresse avait peine à se ressaisir.

Pourtant son existence chez les Larue n’avait rien eu de particulièrement heureux. Sa nourrice n’était pas mauvaise pour elle et la soignait bien ; mais elle n’avait pas une nature affectueuse et ne comprenait rien à l’âme ardente, délicate et très affinée de cette enfant que Parceuil lui avait confiée en disant :

— Apprenez-lui à travailler pour gagner sa vie, car elle n’a rien à attendre de personne en ce monde.

Euphémie Larue avait plus d’une fois répété ces paroles à sa nourrissonne, et avait mis en pratique l’invitation de celui qui s’était présenté comme le tuteur de la petite fille. Mais elle avait eu soin de ménager les forces de cette petite Mitsi, dont l’enfance