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— Marthe !… ma bonne Marthe !… Oh ! emmenez-moi vite d’ici !

Obséquieuse maintenant, l’hôtesse proposa :

— Il faudrait que vous preniez un peu de nourriture ?… J’ai du bouillon…

Mais Mitsi murmura :

— Non, non… rien !… je ne veux rien prendre dans cette maison !

Elle se laissa habiller par Marthe, toute saisie d’émotion en la voyant si faible. Puis, soutenue par la bonne fille, elle quitta le taudis où elle venait de passer des heures si douloureuses.

Christian l’attendait dans le couloir de l’hôtel. En la voyant apparaître, chancelante, le visage empourpré par la fièvre, il eut un mouvement d’angoisse… Elle, un instant, s’arrêta, recula presque, en l’apercevant. L’effroi, la défiance, une sorte de détresse se mêlaient en son regard.

Il s’avança impulsivement, le bras étendu vers elle pou lui offrir un appui.

— Venez vite, ma pauvre Mitsi ! J’ai là une voiture…

Elle dit d’une voix basse, oppressée :

— Où me conduisez-vous ?

— Rue de Varenne, dans la demeure qui fut celle de votre grand’oncle, celle aussi de votre père. Vous y habiterez avec Marthe et je ne viendrai vous y voir que lorsque vous m’y autoriserez.

— Non, je ne veux pas cela… Faites-moi conduire à Vorgères, au pensionnat.

— Pas dans l’état où vous êtes, ma pauvre enfant ! Puis, j’ai beaucoup de choses à vous apprendre… des révélations à vous faire, qui vous montreront votre existence toute changée.

Elle n’objecta plus rien. Vaincue par la faiblesse, elle se sentait incapable de résister davantage. Détournant la tête, paraissant ne pas voir ce bras qui