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tentation… Oh ! plus de ces troubles d’âme, de ces frissons, de ces détresses qu’elle avait connues pendant son séjour à Rivalles !

Une fois dans la journée, Anna ouvrait la porte, jetait un coup d’œil sur elle et demandait :

— Voulez-vous vous lever pour travailler ?

Mitsi répondait :

— Vous voyez bien que cela m’est impossible.

Et la femme s’éloignait en haussant les épaules. Ne sachant plus les heures, somnolant lourdement une partie du jour, Mitsi ne se rendait pas compte du temps écoulé depuis son entrée dans cette maison… Comme elle n’attendait aucun secours, puisque Marthe la croyait à Sainte-Clotilde et, en tout cas, ne pourrait savoir où l’avait conduite son tuteur, la jeune fille, accablée par la faiblesse physique, n’avait d’espoir qu’en la mort, pour l’enlever à sa geôlière. Aussi ne comprit-elle pas d’abord quand, dans l’après-midi du quatrième jour, Anna entra et lui dit avec un accent mielleux dont elle n’avait pas usé jusqu’ici :

— Voici vos vêtements. Habillez-vous vite, car il y a là votre cousin qui vient vous chercher.

— Mon cousin ?

Mitsi se soulevait sur le grabat en regardant la femme avec des yeux brillants de fièvre.

— Oui, un bien beau garçon, qui m’a remis un mot de M. Parceuil, me disant de vous laisser partir avec lui.

Mitsi frémit longuement. Elle comprenait qui était ce cousin. Mais allait-elle donc retrouver ce qu’elle avait voulu fuir ?

À ce moment, au seuil du taudis, apparut Marthe qui, sur l’ordre de son maître, avait suivi la femme… Mitsi eut un sourd cri de joie, en tendant les bras vers elle.