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VII


Mitsi n’avait pas quitté son lit, depuis qu’elle s’y était étendue à demi inconsciente, sous l’influence du narcotique administré par Anna. La fièvre la brûlait, la soif desséchait sa gorge, car la Bolomeff, fidèle à sa menace, ne lui apportait ni aliments ni boisson. La malheureuse enfant se résignait à la mort et souffrait courageusement. Parfois, cependant, une crise d’abattement survenait. Alors elle songeait : « Si j’avais voulu, mon sort aurait été tout autre… « Il » m’aimait, disait-il, et il promettait de me rendre heureuse. »

Puis elle frissonnait d’horreur, de révolte contre elle-même, et son âme douloureuse, éperdue, jetait vers le ciel un cri de supplication, de foi, d’humble ferveur. N’avait-elle pas dit à Marthe qu’elle aimerait mieux mourir dix fois que de céder au tentateur ? Eh bien, Dieu la prenait au mot en l’enlevant bientôt de cette terre où, pauvre isolée, elle n’aurait su que devenir. Il y avait un pénible passage à franchir, dans cet abandon, dans cette privation de tout ce qui, spirituellement et matériellement, console, adoucit les souffrances des mourants. Mais ensuite, elle trouverait le repos, la joie pure, sans fin… et plus de