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toucherez les revenus des autres loyers, qui vous assureront une existence confortable. Mes instructions à ce sujet vont être données au gérant et vous pourrez prendre vos dispositions pour vous y installer prochainement.

Christian parlait sans colère apparente, avec un calme glacial, qui semblait à la présidente plus terrible que la violence. Elle voulut essayer de se défendre encore ; mais il l’interrompit aussitôt :

— Non, c’est inutile. Votre haine à l’égard de Mitsi m’a éclairé mieux que tout. Mais c’est par vous, grand’mère, que me vient une des plus grandes souffrances qui puissent m’atteindre.

Il sortit sur ces mots, laissant Mme Debrennes effondrée, car tout s’écroulait pour elle : son petit-fils la mettait à l’écart de son existence, elle perdait la situation dont elle était si vaniteuse, et comme couronnement, Mitsi, cette Mitsi abhorrée, deviendrait la femme de Christian, occuperait la place où Mme Debrennes avait rêvé de voir Florine, pour continuer elle-même son règne !

Après un bref entretien avec Svengred, Christian fit de nouveau appeler Marthe et lui apprit que Mitsi ne se trouvait pas à Sainte-Clotilde. La pauvre fille s’exclama :

— Est-ce possible ?… Mais c’est pourtant bien là qu’elle comptait aller !… Et elle était un peu consolée à l’idée de retrouver ses bonnes religieuses. Où donc M. Parceuil l’aurait-il emmenée, en ce cas ?

— Je l’ai forcé à me le dire. Mais fasse le ciel qu’il ne lui soit pas arrivé malheur !… Vous voyez donc, Marthe, comme la pauvre enfant a eu tort de se confier à cet homme ?

— Hélas ! monsieur le vicomte !… Mais elle avait si peur de…

Comme elle s’interrompait, gênée, Christian acheva :