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— Vous n’avez déjà que trop vilipendé cette admirable Mitsi, qui a su rester irréprochable en des circonstances où combien d’autres auraient succombé ! Ne me donnez pas à croire, grand’mère, que vous encouragez l’injustice, que vous fermez volontairement les oreilles pour ne pas entendre la vérité…

À son tour elle l’interrompit. L’exaspération, devant l’écroulement de son œuvre, l’emportait sur son habituelle prudence.

— La vérité !… ces accusations folles, cette prétention de nous faire croire à l’intangible vertu de cette odieuse Mitsi ! Ah ! quelle belle œuvre nous avons faite, mon pauvre Parceuil, en nous occupant de cette petite vipère, et surtout en l’introduisant dans cette demeure où elle ne pouvait apporter que le scandale !

C’était véritablement la haine, la rage qui s’exhalaient de ces lèvres, animaient ce regard, transformaient la physionomie de cette femme. Et Christian, voyant cela, entendant cette défense ardente du misérable Parceuil, eut soudainement l’intuition de la vérité.

Faisant deux pas en avant, il demanda, avec une dure ironie :

— Mais, grand’mère, que vous a donc fait Mitsi, pour que vous la détestiez ainsi ?… Car on a de ces sentiments-là seulement pour ceux dont on a beaucoup à se plaindre… ou pour ceux à qui l’on a fait beaucoup de tort.

La présidente bégaya, en baissant un peu les yeux sous le regard de son petit-fils :

— Qu’entends-tu par là ?… Que prétends-tu insinuer ?

Alors, nettement, il riposta :

— Que peut-être vous n’ignoriez pas les actes criminels de cet homme… et que vous les avez approuvés, aidés même, qui sait !