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— Oui… certainement. Mais pourtant, ces paroles, rapportées par le valet de chambre… Et Georges, avec sa nature scrupuleuse, était de ceux qui réparent leurs fautes, quoi qu’il puisse leur en coûter.

Une rougeur de colère monta au visage de la présidente et sa voix trembla d’irritation en ripostant :

— Georges était une nature faible, influençable, proie toute désignée pour une intrigante. Mais, comme tous les Douvres, il avait l’orgueil de son vieux nom, pur de toute tache, et n’aurait pas été le donner à une femme de cette sorte !

— Je suis de votre avis sur ce point. Mais cette Ilka Drovno était-elle bien la créature déchue que nous a représentée Parceuil ? Celui-ci, je l’ai remarqué parfois, n’est pas toujours l’impartialité même, et dans son zèle pour défendre les intérêts de mon beau-père et de Christian, il a pu exagérer…

Mme Debrennes leva les mains au plafond, dans un geste d’indignation fort dramatique.

— Et c’est toi, Louis, toi qui bénéficies chaque jour de son dévouement… c’est toi qui oses de telles insinuations contre cet excellent Parceuil ! Oh ! si la Providence ne nous avait opportunément délivrés de cette créature, elle aurait eu beau jeu de venir faire du chantage près de toi, pauvre cœur naïf ! Non, mon enfant, calme les scrupules de ta conscience, car nous n’avons rien à nous reprocher, bien au contraire. En nous occupant de cette enfant, dont rien ne nous garantit même qu’elle soit la fille de Georges, nous faisons plus, beaucoup plus que notre devoir.

Louis ne répliqua pas, cette fois. Un pli soucieux demeurait pourtant sur son front… Mme Debrennes reprit sa lecture. Mais de temps à autre, elle glissait vers son fils un regard assombri, où passait une lueur de colère mêlée d’une sorte d’inquiétude.