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— Non, monsieur, pas encore… J’étais si bouleversée.

— En ce cas, ne dites rien à personne de ce départ — même à M. Parceuil, s’il revient ce soir ou demain… Et ceci — retenez-le bien — est dans l’intérêt de Mitsi, à laquelle vous témoignez tant d’affection. Sans le savoir, en favorisant sa fuite, vous venez de retarder pour elle une grande joie. Je ne veux pas vous le reprocher davantage, car vous avez agi dans une bonne intention. Mais s’il existe un danger pour Mitsi, ce n’est pas moi qui le représente, dites-vous bien cela… et méfiez-vous.

Marthe se retira de plus en plus troublée, en pensant à la part que Parceuil avait prise au départ de son amie. Les paroles, le ton sérieux de son maître l’avaient impressionnée. Elle pensa : « Dois-je lui dire toute la vérité ? »… Puis elle se rappela quelle crainte témoignait Mitsi à l’égard de M. de Tarlay et résolut de se taire, comme elle l’avait promis.

Svengred, appelé par son ami, entendit sans paraître surpris la nouvelle de cette fuite. Mais il dit aussitôt :

— Pourvu qu’il n’y ait pas là une machination de Parceuil !

Christian s’écria :

— Quoi, tu penserais ?…

— Ce misérable, voyant que tu t’intéresses à elle, peut craindre des recherches gênantes pour lui. En l’envoyant loin d’ici, il suppose probablement que, le premier mouvement de colère passé, tu l’oublieras… ou tout au moins que tu te trouveras impuissant à te rapprocher d’elle, si elle s’est réfugiée en un lieu où elle soit bien gardée.

— Je ne vois que ce pensionnat où elle a passé cinq années…

— Je voudrais qu’il en fût ainsi… Mais si Parceuil