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— Que me racontez-vous là ?… Et comment ne m’avez-vous pas prévenu plus tôt ?

— Mais… mais, monsieur le vicomte…

Marthe balbutiait, rougissante, embarrassée, un peu tremblante devant le violent mécontentement de son maître.

— C’est que, en réalité, Mitsi a agi de connivence avec vous… pour me fuir ? Avouez-le, Marthe ?

— Monsieur se trompe… j’ignorais… Mitsi ne m’a rien dit…

Elle se troublait de plus en plus, sous le regard impérieux et pénétrant.

Christian leva les épaules.

— Vous ne savez pas bien mentir. Au reste, il fallait qu’elle eût une complicité pour organiser son départ. Car, mal remise de sa maladie, elle n’a pu faire à pied les douze kilomètres d’ici à Meaux.

Marthe se tut, n’osant plus nier devant ce maître trop clairvoyant.

— Maintenant, dites-moi où elle s’est rendue ?

Courageusement — car son refus pouvait avoir les plus dures conséquences pour elle et ses frères — la lingère répondit :

— Que monsieur me pardonne, mais je ne puis le lui dire, car j’ai promis le secret à Mitsi.

— Soit ! Mais je ne vois guère comme asile pour elle que le pensionnat d’où elle est venue.

Un léger tressaillement sur le visage de Marthe, les yeux qui se baissaient, pleins d’inquiétude, sous son regard, apprirent à Christian qu’il avait deviné juste.

— C’est bien, vous pouvez vous retirer… Ah ! dites-moi, avez-vous prévenu Mme Debrennes, à défaut de M. Parceuil, qui n’est pas encore revenu de Paris ?

En balbutiant de nouveau, car elle craignait d’embarrassantes questions, Marthe répondit :