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dans ce Paris… Et je n’ai presque pas d’argent ».

Peu à peu, elle sentait une grande lassitude l’envahir. Une torpeur annihilait sa pensée, rendait lourdes ses paupières… La voix aigre d’Anna s’éleva tout à coup :

— Vous avez un sommeil fou, ma petite ! Allez dormir, vous serez mieux après.

Elle la prit par le bras, la guida jusqu’au taudis. Mitsi se laissait faire, presque inconsciente. Elle se glissa dans le lit et, aussitôt, sombra dans le sommeil.

Quand elle s’éveilla, son cerveau engourdi ne lui permit d’abord que des pensées vagues… Mais, avec le jour misérable qui pénétrait par la vitre sale, la conscience de la terrible vérité lui revint, peu à peu… Alors elle se souleva sur le grabat sordide et jeta un regard d’angoisse autour d’elle.

D’un coup d’œil, elle constata l’absence de ses vêtements.

Sur une chaise, près du lit, se trouvaient une sorte de jupon loqueteux et un caraco d’indienne d’une douteuse propreté. À terre traînaient deux savates éculées.

Mitsi murmura :

— Que signifie tout cela ?

Elle restait immobile, envahie par l’effroi. Le souvenir de ce qui s’était passé la veille lui revenait maintenant, de plus en plus net… Quel but avait donc Parceuil, en la conduisant ici ? Pourquoi lui avait-on enlevé ses vêtements ?

Et tout à coup elle songea : « L’argent… l’argent de Marthe !… Me l’a-t-on pris aussi ? »

Hélas ! il lui fallut bien le constater !… Elle restait donc sans la plus minime ressource, sans vêtements