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À la suite de son étrange hôtesse, Mitsi traversa une petite pièce obscure, passa devant une cuisine d’où s’échappaient des relents de gargote, longea un petit couloir, aperçut au passage un étroit bureau vitré et un escalier garni d’un tapis déchiré, poussiéreux. Puis Anna ouvrit une porte qui grinça lamentablement, et Mitsi vit devant elle une petite cour, sorte de puits enserré entre quatre murs, et d’où s’élevait une écœurante odeur d’eaux de ménage. À droite, la femme ouvrit une portent dit :

— Voici votre chambre.

C’était un étroit taudis éclairé seulement par la vitre placée au-dessus de la porte. Un lit déjeté, aux couvertures sales, une table de bois maculé supportant un pot de toilette et une cuvette ébréchée, une chaise à moitié cassée en composaient l’ameublement. Le sol de terre battue paraissait n’avoir pas été balayé depuis des mois, et les murs crasseux n’avaient, de toute évidence, jamais connu de nettoyage.

Mitsi, à cette vue, recula, en protestant vivement :

— Mais, madame, ne puis coucher ici !

L’autre la dévisagea avec un sourire mauvais.

— Et pourquoi donc ?… Si vous avez de quoi me payer, je vous donnerai une autre chambre. Sinon, celle-ci est bien bonne pour vous… Allons, retirez votre chapeau et venez m’aider à la cuisine, car je n’ai pas besoin d’une fainéante ici.

— Eh bien, madame, je ne vous encombrerai pas davantage. À l’instant même, je vais partir…

La femme l’interrompit en levant les épaules.

— Vous n’en avez pas le droit, pas plus que je ne l’ai de vous laisser partir. M. Parceuil vous a confiée à moi. Lui seul peut vous donner l’autorisation de me quitter.

— En ce cas, je lui écrirai.