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qui, le vieillard et la jeune fille une fois montés, partit aussitôt, pour une destination indiquée à l’avance au cocher.

Alors Parceuil dit à sa pupille :

— J’ai changé d’avis, mon enfant, sur le lieu où vous devez trouver asile. Le pensionnat de Sainte-Clotilde est naturellement le premier endroit où l’on vous supposera réfugiée. Or, M. de Tarlay est un homme très volontaire, très tenace dans ses idées, habitué à ne pas rencontrer d’entraves à ses fantaisies. En outre, il est immensément riche, puissant par ses relations, et sait avoir peu de chose à craindre au cas où il lui plairait de… mettons, par exemple, de vous faire enlever. Aussi, ai-je jugé plus prudent de vous conduire là où il ne pensera jamais à vous faire chercher, c’est-à-dire chez une excellente et très digne personne de ma connaissance qui, pour me rendre service, accepte volontiers de vous recevoir et de vous prendre comme aide dans la direction de sa maison.

Mitsi écoutait ce discours avec une surprise mêlée d’inquiétude. Cependant, à ses objections, Parceuil répondit de façon si plausible qu’elle calma son anxiété et refoula ses regrets, en songeant qu’après tout son tuteur avait raison, et qu’il remplissait bien son devoir en éloignant d’elle le péril, du mieux qu’il pouvait.

Elle s’informa de ce que faisait la personne en question. Parceuil répondit :

Mme Bolomeff tient un hôtel, maison des plus honorables. Vous l’aiderez dans sa tâche, et elle vous donnera pour cela une honnête rétribution.

Peu après, le fiacre s’arrêtait devant un petit restaurant de modeste apparence. Parceuil aida la jeune fille à descendre, régla le cocher, puis entra avec sa compagne dans la salle, encore vide à cette heure.