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son amie, alla rendre la réponse à M. de Tarlay, non sans quelque appréhension, car elle se demandait comment le maître accueillerait ce retard apporté à ses volontés. De fait, il fronça d’abord les sourcils, déclara que ce qu’il avait à dire ne pourrait qu’être favorable à la santé de la convalescente… Puis, réfléchissant que l’idée de se trouver en sa présence devait émouvoir fortement Mitsi, il écrivit ces quelques mots :

« Ne craignez rien de moi, Mitsi. Je suis désormais le plus respectueux de vos amis, et bientôt, j’aurai le bonheur de vous donner un autre titre. Accordez-moi ce moment d’entretien, en présence de mon ami Svengred qui connaît mes regrets, qui sait quel pardon j’ai à vous demander.

« Votre tout dévoué

« Tarlay. »


Quand Marthe remit cette carte à Mitsi, celle-ci la tint un moment entre ses doigts frémissants… Et elle sentit monter à ses narines un très léger, très discret parfum qui tout à coup lui rappela avec une intensité poignante la scène du pavillon. Car ce même parfum, elle l’avait respiré quand Christian s’était penché vers elle pour l’entourer de ses bras, pour lui donner ce baiser qui lui brûlait encore la joue, semblait-il…

Elle eut un mouvement d’horreur, un long frémissement… Et, d’un geste violent, elle déchira la carte, la réduisit en menus morceaux qu’elle jeta au hasard. Puis, se laissant tomber sur un siège, elle se mit à sangloter.