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cousine, aux yeux de tous… et bientôt en fiancée…

Il fit quelques pas à travers la pièce, puis revint à Svengred, qui considérait avec un mélange d’amertume et de noble satisfaction ce beau visage transformé par une émotion ardente.

— Il faut que je la voie aujourd’hui même !… que je lui apprenne sans tarder ce changement dans sa situation. Quant à Parceuil, je l’exécuterai, dès qu’il sera revenu de Paris, où il s’est rendu ce matin pour affaires.

Ce même jour, un mot de Parceuil, transmis par Marthe, informait Mitsi que son départ était fixé pour le lendemain matin. À quatre heures, elle devait quitter le château dans le plus grand secret, en passant par une petite porte du parc, à l’aide de la clef que le prévoyant tuteur avait jointe à la lettre. Il lui faudrait faire à pied un trajet d’environ un kilomètre, jusqu’à un croisement de routes où l’attendrait une voiture qui la conduirait à Meaux. Là, elle prendrait un train pour Paris. À la gare de l’Est, Parceuil serait là et l’accompagnerait à la gare Montparnasse, comme il l’avait dit précédemment.

Le prix du voyage de Meaux à Paris était contenu dans l’enveloppe. Marthe ne put se tenir de faire observer :

— Il aurait bien pu y ajouter quelque chose, ce grigou !

Mitsi répliqua avec une fierté mélangée de mélancolie :

— Il ne me doit rien… Personne ne me doit rien. C’est par mon travail seul que je veux subvenir à mes besoins.

Avec l’aide de Marthe, elle s’occupa aussitôt de réunir le peu d’objets qui lui appartenaient. Ses