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Un sanglot s’étouffa dans sa gorge. Elle laissa tomber sa tête sur l’épaule de Marthe en disant tout bas :

— Oh oui, pourquoi ne suis-je pas morte ? « Il » me laisserait en repos, alors !

Cinq jours plus tard, Olaüs Svengred, sa mission accomplie, arrivait à Rivalles. Christian l’attendait avec une fièvre d’impatience. Le peu que son ami avait écrit lui permettait de deviner un succès complet, et des découvertes de grande importance. Aussi, à peine Svengred avait-il mis le pied dans le vestibule du château, qu’il l’emmenait dans son cabinet de travail, et là, lui serrant nerveusement les mains, il demandait :

— Eh bien, qu’as-tu appris ?… Était-ce faux, vraiment, tout ce que racontait Parceuil ?

Le jeune Suédois avait toujours vu son ami assez froid en apparence, très maître de lui, affectant volontiers l’ironie, l’indifférence railleuse. Devant cette émotion, cette attente anxieuse, il mesura la force du sentiment qui remplissait le cœur de Christian, et qui avait raison de son orgueil, de son insouciance méprisante d’homme adulé. Son âme, une seconde, connut à nouveau une poignante amertume… Mais, courageusement, éloignant la pensée jalouse, Svengred répondit :

— Oui, mon ami, tout est faux, la mère de Mitsi était irréprochable, comme Mitsi elle-même, et le mariage était réel, entièrement valable selon la loi autrichienne.

Là-dessus, il raconta tout, sans commentaires, voulant laisser à Christian l’entière indépendance de son jugement, sans l’influencer de ses vues person-