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ce fait une inimitié, une colère qui pourraient me coûter fort cher.

Une vive rougeur monta au visage de Mitsi. Les lèvres tremblantes, la jeune fille répliqua :

— Cependant, monsieur, vous vous doutez que c’est pour fuir ce… cette même personne que je vous demande l’autorisation de partir ?

— Oui, je devine tout cela, mon enfant, et je ne puis que vous approuver pleinement. Toutefois, je le répète, la situation est difficile pour moi… Il faudrait… voyons… que ce départ eût lieu sans que j’aie l’air de m’en mêler… Par exemple, un beau jour, vous partiriez furtivement. À un endroit convenu, pas trop près, une voiture vous attendrait. Elle vous conduirait à la gare de Meaux, d’où vous gagneriez Paris. Là, je vous attendrais et vous mettrais dans le train pour Chartres. Les religieuses seraient prévenues par moi, vous n’auriez à vous occuper de rien. Ici, je ferai l’ignorant, naturellement… Et puis, quand on pensera que vous vous êtes réfugiée à Sainte-Clotilde, la chose sera accomplie, vous vous trouverez en sûreté près de vos anciennes maîtresses.

Mitsi dit vivement :

— Oui, oui, ce sera bien ainsi !… Mais je voudrais partir le plus tôt possible, monsieur.

— Il me faut le temps de préparer votre départ : cinq à six jours me suffiront, probablement. Je vous préviendrai par un petit mot… Mais ne parlez à personne de votre projet, naturellement.

— Marthe le connaît, monsieur. Mais il n’y a rien à craindre, elle sera discrète.

La physionomie de Parceuil laissa voir une soudaine contrariété.

— Ah !… Hum !… C’est fort ennuyeux. Si on l’interroge, elle est capable, quoi que vous en disiez, de raconter que vous vous êtes adressée à moi.