Page:Delly - Mitsi.pdf/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

choses amusantes. J’ai trente-six idées en tête, figurez-vous ! Tiens, à propos, j’aurai besoin d’une petite bohémienne, pour réaliser l’une d’elles ! La petite là-bas fera tout à fait mon affaire… Comment l’appelez-vous ? Mitsi ? Où a-t-on été chercher ce nom-là ?

Mme Debrennes expliqua :

— C’est celui que sa mère lui avait donné. Parceuil n’a pas cru devoir le changer, car cela n’avait aucune importance. Cette enfant ne peut d’ailleurs que nous être antipathique, vu son origine et les tares morales qu’elle doit porter en elle. Par charité, nous ne la laisserons pas à l’abandon, nous lui donnerons les moyens de vivre modestement plus tard — si elle reste honnête, ce dont nous pouvons douter ! Mais j’avoue que je dois me faire violence, pour ne pas rejeter loin de mes yeux la fille de cette misérable ballerine !

Comme la présidente ne prenait pas la peine de baisser la voix, chacune de ses paroles devait être entendue par la petite fille assise dans le vestibule.

Christian eut un rire moqueur.

— Ne soyez pas en peine du sort de cette jeune personne, grand’mère. Avec des yeux comme les siens, dans quelques années d’ici, elle ne sera pas embarrassée pour se tirer d’affaires, sans votre aide.

— Quoi donc ?… Qu’ont-ils de particulier, ses yeux ?

Il rit de nouveau.

— Vous ne les avez donc pas vus ?… Regardez-les bien, et vous constaterez qu’ils sont extraordinaires… Des yeux de feu, positivement. Ils paraissent d’autant plus singuliers dans ce petit visage d’enfant, sans beauté. Mais ils suffiront à faire de votre protégée une personne peu banale.

Sur ces mots, il quitta le salon, par une des portes latérales donnant sur le large corridor qui desservait toutes les pièces du château.