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— Pas suspecte le moins du monde. Il n’y a jamais de bruit, jamais de scandale chez Anna Bolomeff. Tout s’y passe correctement. Mitsi sera là très bien… et elle ne pourra s’en prendre qu’à elle, à ses exigences, à son mauvais caractère, si sa patronne la traite un peu trop rudement, lui mesure la nourriture, la charge de besognes déplaisantes. Mais moi, je serai à couvert parce que je l’aurai confiée à une femme honorable, — oui, honorable, elle est connue pour telle dans le quartier, — chargée de lui apprendre le métier de servante et de lui donner ainsi les moyens de gagner son pain. Qu’après cela il lui arrive quelque malheur, qu’elle succombe sous un travail un peu excessif pour ses forces… eh ma chère, ce sont là choses qui adviennent à bien d’autres, quand il leur faut lutter contre la misère. Personne ne pourra me jeter la pierre pour cela, personne n’y songera, d’ailleurs, car ceux qui peuvent s’intéresser à elle ignoreront son sort.

— Si vous croyez vraiment que ce moyen soit bon…

— Je ne vois guère que celui-là. Mais il faudra combiner tout de façon que Christian n’ait pas vent de la machination… D’abord, je vais m’entendre avec Mitsi…

— Mais croyez-vous qu’elle acceptera de se rendre chez votre ex-nihiliste, au lieu d’aller retrouver ses religieuses ?

Parceuil eut un sourire sardonique.

— Soyez sans crainte, elle ne connaîtra le changement de programme qu’au dernier moment. Ceci est d’autant plus nécessaire qu’il faut que son amie Marthe la croie chez les sœurs de Sainte-Clotilde.

— Allons, arrangez cela à votre idée, mon bon ami. Débarrassez-nous de cette petite créature, je ne demande pas mieux… pourvu que Christian ne s’en prenne pas à nous… Il est déjà si froid pour moi, de-