nous faisant croire qu’elle veut fuir Christian. Elle pense donc avoir affaire à des imbéciles ?
— Eh bien ! moi, si étonnante que soit la chose, j’estime qu’elle est sincère.
— Comment, dans sa situation, elle repousserait l’amour d’un Christian de Tarlay ?… Voyons, mon ami, vous n’êtes pourtant pas assez naïf pour tomber dans ce panneau-là ?
Parceuil leva impatiemment les épaules.
— Il faut voir les gens tels qu’ils sont, Eugénie. La mère de Mitsi était parfaitement honnête, quoi que j’en aie dit ; la fille peut lui ressembler. Il y a des femmes qui ont horreur du mal, soyez-en persuadée, et qui aiment mieux se briser le cœur que de succomber.
— Mais enfin… Christian… Christian qui est si recherché, si adulé…
Mme Debrennes suffoquait presque de stupéfaction, à l’idée que cette petite Mitsi pouvait ne pas être grisée, vaincue sur l’heure par la séduction jusqu’alors invincible de son petit-fils.
— Eh parbleu, c’est bien pour cela qu’elle en a peur, et qu’elle veut partir… Oui, oui, je crois qu’elle a résisté à Christian, qu’elle est encore résolue à le faire… et comme nous avons tout intérêt à ce qu’elle lui échappe, nous devons nous employer à favoriser son désir de départ.
— Impossible ! Christian serait furieux, vous le pensez bien !
— Aussi faut-il nous arranger pour n’avoir là-dedans aucune apparence de participation.
Mme Debrennes hocha la tête.
— Hum !… Et puis, il se doutera bien qu’elle est chez ses anciennes maîtresses, et il s’arrangera pour la retrouver dès qu’elle aura une situation au dehors.