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« Qu’a-t-il donc ? » songeait le misérable. « Lui vient-il des soupçons, au sujet des bénéfices — bien légitimes — que je me suis alloués sans juger bon de lui en demander l’autorisation ?… Ou bien aurait-il de sérieux doutes à propos des parents de cette Mitsi ? »

En cette âme sans scrupules, un instant l’idée d’un nouveau crime passa… Mais l’entreprise lui apparut cette fois infiniment dangereuse. Mitsi ne pouvait être supprimée comme l’avait été sa mère, qui ne disposait d’aucune protection autre que celle de la pauvre Irène. Christian était là, clairvoyant, lui, et peut-être méfiant déjà… Non, il ne fallait pas songer à ce moyen-là.

Pendant ce temps, Mitsi, sans le savoir, préparait les voies à ses ennemis.

Un peu de forces lui revenant, elle se décidait à recourir à Parceuil pour échapper au danger que représentait M. de Tarlay. Ce n’était pas sans répugnance, car cet étrange tuteur qui n’avait jamais paru se soucier d’elle et qu’elle ne connaissait guère que par ouï-dire, lui inspirait une instinctive antipathie. Mais elle n’avait à espérer qu’en cette tentative. Si, par crainte de déplaire à M. de Tarlay, par complète indifférence du sort de l’orpheline, Parceuil refusait d’accéder à sa prière, Mitsi se voyait obligée de demeurer à Rivalles, où elle se trouvait à la merci de celui qu’elle redoutait tant, et qui serait d’autant plus impitoyable pour prendre sa revanche qu’elle l’avait grièvement offensé, lui, le beau Christian de Tarlay, l’orgueilleux charmeur qui, disait-on, n’avait jamais trouvé de résistance quand il lui avait plu de conquérir.

Elle écrivit donc à Parceuil :