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il avait demandé à Firmin de garder le silence, à l’égard des collègues qu’il devait revoir à Paris, sur celle qu’il continuait d’appeler « Mlle Drovno ».

Svengred rapportait un plus riche butin. Les deux hommes s’occupèrent de coordonner méthodiquement les faits. Après quoi, tous deux restant plongés un moment dans leurs réflexions, Habner demanda tout à coup, brusquement :

— Eh bien ! monsieur Svengred, qu’est-ce que vous dites de cela ?

— Et vous, monsieur Habner ?

— La même chose que vous, probablement.

Ils sourirent. Puis le policier, se penchant vers son interlocuteur, demanda à demi-voix :

— Ne pensez-vous pas qu’il puisse y avoir des complices, dans cette affaire-là ?

Svengred tressaillit… Après un instant de silence, pendant lequel ils se regardèrent dans les yeux, Habner reprit du même ton bas :

— Il faut chercher le ou les bénéficiaires du crime. Vous le pouvez mieux que moi, vous qui connaissez la famille Douvres.

Une grande clarté se faisait dans l’esprit de Svengred… Georges mourant sans enfant légitime, tous les biens réunis de Jacques Douvres et de son frère revenaient à Christian, encore enfant à cette époque. Or, il existait alors trois êtres dont le petit héritier des Douvres et des Tarlay était l’idole : son grand-père, sa grand’mère et son père.

La nature loyale, l’impeccable probité de M. Douvres éloignaient de lui toute suspicion. Ainsi en était-il également de l’excellent Louis Debrennes… Restait l’autre… cette femme vaniteuse, pleine de morgue à l’égard de ceux qu’elle jugeait ses inférieurs, mielleuse pour les autres, se complaisant avec ivresse dans les jouissances du luxe, des honneurs que lui