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« Pauvre femme, elle signait son arrêt de mort ! » songea Svengred en frissonnant. « Ah le monstre !… Comme j’avais raison de le tenir en instinctive antipathie ! »

En face de lui, Irène, joignant ses mains nouées par les rhumatismes, s’exclamait :

— Seigneur ! quelle abominable chose !… Ma pauvre petite Mitsi, qu’il m’avait promis de rendre si heureuse ! Ainsi il ne lui donnait rien, rien des biens de son père ?

— Absolument rien, mademoiselle. Mais rassurez-vous…

Ici, un sourire douloureux crispa légèrement la lèvre du jeune homme.

— … Rassurez-vous, si cette charmante Mitsi a bien souffert, je crois que désormais le bonheur l’attend. Elle le mérite du reste, de toutes façons, car on ne peut rêver qualités physiques et morales plus complètes que les siennes.

— Comme sa pauvre mère, alors… comme ma pauvre chère Ilka. Combien je voudrais la connaître, cette belle petite !

— Cette consolation vous sera peut-être donnée un jour mademoiselle.

Puis il se renseigna près de la vieille femme sur l’origine de Mitsi et sut ainsi qu’Ilka, par sa mère, appartenait à la plus haute noblesse roumaine. Quant à la famille paternelle, le curé, qu’il retourna voir avant son départ, lui apprit qu’elle était fort modeste, mais parfaitement honorable. Irène en demeurait d’ailleurs le seul représentant.

À Vienne, Svengred trouva Klaus Habner arrivant de Lausanne. Firmin avait été difficile à faire parler. Enfin, Habner avait réussi à savoir que Parceuil avait eu un entretien avec Ilka, deux jours avant la mort de celle-ci, et qu’en sortant de chez la jeune femme,