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chagrin. Ces messieurs et ces dames ne vous avaleront pas… Embrassez-moi, ma petite Mitsi.

L’enfant offrit sa joue au baiser sonore de sa compagne. Puis celle-ci, après un petit salut, franchit la porte du vestibule que tenait ouverte le valet.

Mitsi demeurait seule en face de Parceuil et de la présidente qui, tous deux, ne cherchaient pas à dissimuler leur vive contrariété. Plus loin, Christian s’appuyait au chambranle de la porte. Il considérait avec indifférence la scène qui se passait devant lui, tout en frappant à petits coups sa botte, de la cravache qu’il tenait à la main. Près de lui, Florine jetait des regards dédaigneux sur la petite créature engoncée dans sa vieille robe fripée par le voyage.

La présidente demanda, en se tournant vers Parceuil :

— Eh bien, qu’allons-nous faire, Flavien ?

— Je vais y réfléchir… En attendant, Léonie pourrait s’en occuper ?

— Évidemment… Mais on ne dirait jamais que cette petite a treize ans !

Florine répéta d’un ton stupéfait :

— Treize ans ?… Ce n’est pas possible ! Elle en paraît huit !

— C’est ainsi pourtant… Êtes-vous bien portante petite ?

Une voix un peu tremblante, au timbre harmonieux, répondit :

— Je n’ai jamais été malade, madame.

— Alors, pourquoi êtes-vous si chétive ? Vous aviez cependant de quoi manger chez Larue ?

— Oui, madame.

La présidente eut un léger mouvement d’épaules en disant entre ses dents :

— Sait-on d’où elle sort, et quelles tares physiques ou morales existent dans sa famille ?