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arriver à la fortune, assuraient des gens qui la connaissaient bien.

Toutefois, Parceuil devait à la vérité d’ajouter que, depuis qu’elle vivait avec Georges, nul n’avait entendu dire qu’elle eût donné prise à la critique.

Le rusé personnage introduisait cette restriction dans son odieux mensonge par la crainte que M. Douvres, au cas où il interrogerait Firmin, apprît de lui que la jeune femme menait l’existence la plus correcte, la plus retirée qu’il fût possible d’imaginer.

Parceuil voyait là, en outre, le moyen d’expliquer sa manière d’agir à l’égard de l’enfant, dont il s’était assuré en réalité pour la tenir toujours sous sa coupe, et prévenir des revendications qui eussent été possibles, si l’orpheline avait connu la vérité de la bouche d’Irène.

Ce motif-là ne pouvait être donné à M. Douvres. Mais Parceuil n’était pas à court d’imagination et connaissait bien son homme. D’un ton plein de componction, il déclara qu’il s’était senti pris de pitié devant cette enfant, vouée à la misère, au vice, sous la direction de cette Irène, peu recommandable — pauvre Irène ! — et qu’il avait cru bien faire, connaissant le grand cœur, l’admirable charité de M. Douvres, de l’enlever à un pareil milieu pour essayer d’en faire une honnête fille.

Tout d’abord, le maître de forges se récria, indigné. Quoi, lui, s’intéresser à la fille de cette créature ?… Mais Flavien était fou, positivement fou, d’avoir imaginé cela !

Parceuil ne se troubla pas. Imperturbablement, il développa sa pensée. Il y avait là une bonne œuvre à faire, une œuvre dont, lui Parceuil, enlèverait tout le souci à M. Douvres, en s’occupant de faire mettre en nourrice la petite fille, et plus tard de lui faire donner une éducation modeste, en rapport avec son