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laissa passer tout ce bruit avec un calme imperturbable. Puis il entama un nouveau discours pour bien pénétrer Irène de cette vérité : elle ne pouvait faire vivre l’enfant ; alors, voulait-elle donc la condamner à mort ?

Il développa ce sujet avec ampleur, fit du sentiment — il en était capable quand son intérêt l’exigeait — parla de la morte qui, de là-haut, jugerait sévèrement celle dont l’obstination aurait privé sa fille d’un avenir assuré, heureux. Cet avenir, Parceuil le décrivit à la pauvre femme crédule sous les couleurs les plus riantes. Il fit briller devant ses yeux naïfs le luxe des résidences de M. Douvres et l’ahurit par le chiffre de sa fortune, jeté négligemment dans l’entretien… Si bien qu’Irène, complètement conquise aux idées de son interlocuteur, déclara que pour rien au monde elle ne voudrait priver sa petite Mitsi des félicités qui l’attendaient. Elle se retirerait donc au village de Laitzen, et M. Parceuil emmènerait l’enfant.

Sans trop de peine, l’habile homme lui persuada que mieux valait accomplir dès maintenant le sacrifice. Elle dirait donc aux magistrats que, rendue malade par la fin tragique de sa jeune parente et incapable de demeurer en ces lieux dont elle avait horreur, elle allait se rendre à Laitzen où on la trouverait si les nécessités de l’instruction exigeaient sa présence. Et elle expliquerait également que, ne pouvant faire vivre la fille de la défunte, elle avait accepté la proposition de l’honorable M. Parceuil, qui, charitablement, avait offert de se charger de l’enfant.

Avant de la quitter, Parceuil lui fit jurer de ne jamais parler à quiconque des liens qui avaient uni Georges et Ilka ni de l’aide que M. Douvres donnait à la fille de son neveu.