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M. Douvres escomptait le caractère faible de Georges, la crainte mêlée d’affection qu’il avait toujours eue à l’égard de son oncle, et cet attachement aux liens familiaux, très puissants chez les Douvres… De fait, cette lettre troubla profondément le jeune homme. Il n’en dit mot à Ilka, mais eut à partir de ce moment quelques accès d’humeur sombre qui étonnèrent et inquiétèrent sa femme.

— Je n’ai rien, répondait-il à ses questions tendres. Ne te tourmente pas, je suis très heureux près de toi.

Il retardait la réponse qu’il devait faire à son oncle… Tant et si bien qu’il n’avait pas écrit encore quand un soir de la fin de février, le feu prit à son logis par l’imprudence d’une des femmes de service. Quand on s’en aperçut, l’escalier brûlait déjà. Avec l’aide de voisins accourus aux cris d’alarme, Georges réussit à sauver par une fenêtre sa femme, Irène et les deux servantes. Mais tandis que lui-même descendait à son tour, le drap noué à la fenêtre se détacha et le malheureux tomba sur le pavé de la cour. On le releva le crâne fracturé. Comme son valet de chambre, qui logeait au rez-de-chaussée et avait pu de ce fait sortir facilement, se penchait vers lui, le moribond murmura ces mots : « Mon enfant… ma femme… Dites à mon oncle… lui confie… »

Quelques instants après, il entrait dans le coma et mourut le soir de ce même jour.

Ilka avait été transportée dans le pavillon destiné au concierge de la villa et qui se trouvait inhabité. Elle y donna prématurément le jour à une petite fille et fut pendant plusieurs jours entre la vie et la mort. La pauvre Irène, affolée par tous ces événements, ne savait plus que devenir. Ce fut le valet de chambre qui prit sur lui de télégraphier à M. Douvres, pour lui annoncer la mort de son neveu.

Le maître de forges, en ce moment fort malade,