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faiblesse qu’il se reprochait à certains moments, il ne se souciait pas qu’on connût son union avec la jolie danseuse du Printania-Théâtre, la fille d’Elek Drovno dont les ascendants étaient d’honorables paysans hongrois.

Cependant Parceuil, au cours d’un nouveau séjour d’affaires qu’il fit à Vienne cet hiver-là, découvrit ce qu’il croyait une banale intrigue sentimentale. Jacques Douvres, étonné et inquiet de voir son neveu s’éterniser dans la capitale autrichienne, en prétextant des études littéraires, avait chargé son secrétaire, devenu par flatterie son confident, de s’enquérir au sujet du véritable motif qui retenait là le jeune homme dont il connaissait le caractère impulsif et parfois imprudent. Parceuil mena son enquête avec discrétion, sans que Georges soupçonnât sa présence. Et il rapporta à M. Douvres cette nouvelle que son neveu vivait à Vienne, très retiré, avec une danseuse fort jolie qui allait le rendre père au printemps prochain.

De mariage, il ne parla pas, pour la bonne raison qu’il l’ignorait d’abord ; ensuite, l’eût-il su, qu’il se fût gardé de l’apprendre au vieillard. Flavien Parceuil était un homme prudent, qui ne parlait qu’après de solides réflexions, lesquelles, en l’occurrence, lui auraient montré l’intérêt de garder par devers soi une telle révélation.

Jacques Douvres s’emporta, déclara qu’il allait écrire à cet imbécile de réintégrer Paris, et l’hôtel familial où il avait son appartement. L’habile Parceuil sut l’exciter plus encore contre le coupable, tout en ayant l’air de prendre la défense de celui-ci. Le résultat fut un ultimatum envoyé par l’autoritaire vieillard à son neveu « Ou tu planteras là ta danseuse et tu reviendras ici dans les huit jours, ou toutes relations seront à l’avenir rompues entre nous. »