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petit village de Hongrie qui était le lieu de naissance du père d’Ilka. Georges, désireux que son oncle connût le plus tard possible l’union qui l’irriterait et le peinerait si fort, avait témoigné le désir que la cérémonie nuptiale n’eût pas lieu à Vienne. Entendant parler par Irène de ce village de Laitzen, où elle-même avait passé son enfance, il avait proposé aussitôt : « Pourquoi ne nous marierions-nous pas là, au berceau de votre famille paternelle ? » Et Ilka avait acquiescé aussitôt.

Georges laissait à Vienne son valet de chambre, avec un congé temporaire. Il demeura trois mois à Laitzen, dans le petit chalet loué à son arrivée. Grisé par son bonheur, il oubliait tout, éloignait toutes les pensées d’avenir. Ilka, elle, était pleinement heureuse. Elle se savait dûment mariée selon les lois de son pays et ne se doutait pas que son union, non légalisée par le représentant de la France, ne serait pas reconnue dans le pays de son mari. Georges le savait, lui, mais il se disait : « Plus tard, j’arrangerai cela… Après tout nous sommes légitimement unis, et il me suffira de faire mon testament en faveur de l’enfant que nous attendons, pour que ma fortune lui revienne. »

Les trois mois écoulés, au début de l’automne, les deux époux et Irène regagnèrent Vienne. Georges loua dans un des faubourgs de la ville une grande maison entourée d’un parc et s’y installa avec sa femme, dont il était de plus en plus épris. Il fit venir son valet de chambre qui, avec deux femmes, composa le personnel domestique du logis. Et l’existence des deux jeunes gens continua de couler, paisible, heureuse, dans une solitude que personne ne venait rompre, car Georges n’avait pas cherché à renouer de relations et même s’arrangeait pour éviter de rencontrer d’anciennes connaissances, car, par une