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excellente personne, demeurée fort honnête parmi les écueils de sa profession. Très attachée à Hélène et à l’enfant, que la mort du père laissait dans la misère, elle s’ingénia à les faire vivre sur son maigre gain. Quand elle dut quitter le théâtre, quelques années plus tard, elle donna des leçons de danse et ainsi, péniblement, elle réussit à leur procurer le pain quotidien.

De bonne heure, Irène, voyant la grâce, la légèreté de la petite Ilka, lui avait appris son art. Quand l’enfant fut devenue jeune fille, la bonne Irène, ravie de sa beauté, comme du succès de ses leçons, ne trouva rien de mieux que de la faire engager au Printania-Théâtre, dont le directeur cherchait de bonnes débutantes. Mme Drovno était incapable de s’y opposer. Ilka, très inexpérimentée sur la vie, ressentait néanmoins une secrète répugnance. Mais elle voyait sa mère de plus en plus malade, Irène qui vieillissait, qui se fatiguait ; chaque jour la vie matérielle devenait plus difficile pour ces trois pauvres femmes. Ilka se décida enfin à débuter au Printania-Théâtre, où l’attendait un succès dû autant à sa beauté qu’à la perfection de son art… Mais ainsi qu’elle le confia à Georges, elle était décidée depuis la mort de sa mère à renoncer au théâtre dont l’atmosphère, les dangers, effrayaient son âme pure.

Georges, lui, parla de ses parents, de sa situation dans le monde, en passant légèrement sur la personnalité de son oncle, qui jetait une ombre fâcheuse sur sa joie d’amoureux enivré par la présence de la bien-aimée… Sur ces entrefaites apparut Irène qui, après avoir froncé avec courroux ses gros sourcils blonds, en voyant le jeune Français près d’Ilka, faillit danser de joie quand elle connut leurs fiançailles.

Deux jours plus tard, tous trois partaient pour un