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Et appuyant ses coudes à la table, cachant son visage entre ses mains, elle se mit à pleurer silencieusement, les épaules secouées de frissons.

En un mouvement impétueux, Georges se leva, s’agenouilla près d’elle et détacha, de ses doigts frémissants, l’une de ces petites mains brûlantes.

— Ilka, permettez-moi de partager votre peine, de vous en consoler, peu à peu, par ma tendresse, par mon dévouement, que je vous offre… que je vous supplie d’accepter.

Les yeux brillants de larmes s’arrêtèrent sur ce visage palpitant de passion, rencontrèrent ce regard amoureux qui priait, qui implorait… Un flot de sang monta au teint de la jeune fille, dont les paupières tremblantes s’abaissèrent un instant. Et, presque aussitôt, en se redressant d’un mouvement plein de dignité, en retirant sa main d’entre les doigts de Georges, Ilka demanda fièrement :

— Comment entendez-vous cela, monsieur ?

Brusquement, l’âme de Georges se sentit emportée par le respect, par le remords, la honte presque d’avoir eu la pensée odieuse de profiter de la détresse morale en laquelle se trouvait cette orpheline, privée de la protection maternelle. Il s’écria ardemment :

— Je vous demande d’accepter, avec mon amour, mon nom et tout ce que je possède, Ilka, ma bien-aimée.

Un rayon de bonheur transfigura la physionomie de la jeune fille. Avec une spontanéité charmante, Ilka tendit sa main à Georges et dit avec émotion :

— Eh bien, j’accepte, car je crois à votre sincérité, à votre bonté.

Mais, tandis qu’il couvrait de baisers les petits doigts un peu brûlants de fièvre, la jeune Hongroise objecta, d’un ton où tremblait quelque inquiétude :