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Vienne. Deux heures après son arrivée, il se présentait chez Ilka Vrodno.

L’appartement qu’elle occupait était situé dans une maison de modeste, mais très convenable apparence. Au coup de sonnette de Georges, ce fut elle qui vint ouvrir. En le reconnaissant, elle eut un mouvement de surprise et murmura :

— Vous !

— Oui, moi, qui ai appris votre grand deuil et viens vous dire toute ma sympathie.

Le charmant visage pâli, amaigri, tressaillit un peu, et les yeux se remplirent de larmes.

— Oui, ma pauvre maman… Elle m’a été enlevée si vite !… Sa santé, depuis longtemps, était bien mauvaise, mais avec des soins j’espérais la conserver encore.

Elle ouvrit une porte et fit entrer Georges dans un banal petit salon de meublé bon marché. En ce décor médiocre, la beauté d’Ilka semblait plus fine encore, plus aristocratique… Une robe d’intérieur en lainage noir tombait en plis harmonieux autour de la taille souple, dont les moindres mouvements avaient tant de grâce. Les yeux, dans la figure amincie, recélaient plus de profondeur, plus de mystère. Des larmes y brillaient, et la bouche délicate avait un pli de souffrance.

— Je m’excuse de vous recevoir avec cette tristesse, monsieur. Mais je n’ai pu encore me reprendre à la vie…

Elle s’était assise près de la fenêtre, devant une petite table où se trouvait son ouvrage, en désignant à Georges un siège à quelques pas de là.

Il protesta :

— Je vous comprends trop bien !… En outre, vous avez été malade, m’a-t-on dit ?

— Oui, malade de chagrin… Je le suis encore.