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— Je crains que vous vous mépreniez sur moi, monsieur. Je suis une honnête fille et j’entends le rester.

Pris au dépourvu par ces paroles, par le ton plein de fière dignité, Georges balbutia :

— Mais, mademoiselle, croyez que mes intentions ne peuvent vous offenser…

— En ce cas venez demain chez moi. Je vous recevrai en présence de ma mère, et nous nous expliquerons. Au revoir.

Elle tendit au jeune homme sa petite main sur laquelle il mit un baiser, et s’éloigna avec sa compagne.

Georges restait fort embarrassé. Il ne lui était pas venu à l’esprit que cette jeune danseuse, si réservée qu’elle fût, aurait de tels scrupules. Il pensa d’abord qu’elle agissait ainsi par habileté, pour donner plus de prix à son acquiescement. Mais il l’avait vue si peu coquette toujours, il avait cru discerner tant de droiture dans ces merveilleux yeux bruns dont la douceur charmante l’ensorcelait, qu’il ne s’attarda pas à cette idée.

Ilka, Georges en était persuadé, disait vrai en affirmant qu’elle était honnête et voulait le rester. Mais que devait-il espérer ?

Cependant, lui, descendant d’une famille de la haute bourgeoisie française, neveu de Jacques Douvres, qui était une des personnalités marquantes de l’époque, il ne pouvait épouser cette petite ballerine ! Le voulût-il même qu’il savait à l’avance que son oncle, intransigeant sur le chapitre des mésalliances, le renierait, romprait toutes relations avec lui, de même que les autres membres de sa famille.

Il passa une nuit fort agitée. Au matin, il avait pris la résolution de ne pas se rendre chez Ilka. Il lui écrivit un mot de regret en prétextant