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homme était parti un beau jour pour l’Autriche en laissant un mot dans lequel il expliquait au maître de forges qu’il allait faire des études de caractères chez les différents peuples de l’Europe centrale.

En lisant cela, Jacques Douvres, levant ses puissantes épaules, murmura dédaigneusement :

Le pauvre garçon ne sera jamais bon à rien, je le prévois ! »

À Vienne, Jacques rencontra Flavien Parceuil qui s’y trouvait de passage pour traiter une affaire au nom du grand industriel dont il était devenu depuis peu l’homme de confiance. Ils se trouvèrent près l’un de l’autre, un soir, dans un petit théâtre qui venait de s’ouvrir peu de temps auparavant. Ce jour-là avaient lieu les débuts d’une danseuse hongroise, Ilka Vrodno. Dès qu’elle parut sur la scène, fine, élancée dans son costume national, Georges n’eut plus de regards que pour elle. Elle paraissait très jeune, avec un visage délicat, un peu ambré, aux yeux ardents et doux, au sourire discret, plein de charme un peu mélancolique. Sa beauté, sa grâce, en laquelle se mélangeaient la retenue et une séduction qui lui était naturelle, n’enthousiasmèrent pas moins les spectateurs que la façon dont elle exécuta les danses de son pays. Aussi étaient-ils nombreux ceux qui, à l’entr’acte, se précipitèrent vers les coulisses pour complimenter la jeune Hongroise.

Dans les premiers se trouvaient Parceuil et Georges Douvres. Ilka accueillit leurs compliments avec une réserve un peu fière, qui ne les découragea point, car ils se retrouvèrent encore là les jours suivants, empressés à offrir leurs hommages, accueillis avec le même air d’indifférence polie — ceux du moins, de Parceuil, car dès le second jour, une lueur de plaisir avait paru dans les beaux yeux de la danseuse quand Georges était venu s’incliner devant elle.