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vaise influence sur elle. Par jalousie, elle a dû la pousser contre Mitsi… Ah ! la misérable coquette que celle-là ! Et dire que le monde continuera de l’honorer, tandis que ma pauvre Mitsi, ma délicate petite hermine encourra le blâme et l’opprobre ! »

Il songeait ainsi, tour à tour dominé par la colère ou l’inquiétude harcelante que lui donnait l’état de la jeune fille. Vers une heure du matin, n’y tenant plus, voulant savoir s’il pouvait conserver quelque espoir, il s’en alla par la terrasse jusqu’à la chambre de Jacques.

À travers les rideaux de tulle léger qui tombaient devant les vitres des portes-fenêtres, on distinguait le petit lit blanc sur lequel était étendu l’enfant. Des fleurs jonchaient le drap garni de broderies, et plusieurs cierges, plantés en de hauts flambeaux d’argent, éclairaient le petit visage immobile. À droite du lit se tenait assise une religieuse qui égrenait son chapelet ; à gauche, Dorothy, étendue dans un fauteuil, dormait, d’ailleurs légèrement, car elle s’éveilla au bruit de la porte vitrée qu’ouvrait M. de Tarlay.

Christian s’approcha de son fils, le considéra un moment avec émotion, puis se tourna vers l’Anglaise, en demandant à mi-voix :

— Avez-vous des nouvelles de la malade ?

— Oui, monsieur le vicomte. Marthe est venue tout à l’heure et m’a dit qu’une légère détente semblait se manifester.

Le cœur un peu allégé, Christian regagna son appartement et se jeta sur son lit, où il réussit bientôt à s’endormir. Quand il s’éveilla, sept heures sonnaient. Comme il finissait de s’habiller, son valet de chambre vint le prévenir que Dorothy demandait à le voir. Selon l’ordre qu’il lui en avait donné dans la nuit, la gouvernante venait le tenir au courant de l’état de Mitsi. La détente s’était accentuée, la jeune