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ouverte par laquelle entrait l’air chaud de la nuit, chargé des parfums qui s’exhalaient des parterres. Une lourde angoisse pesait sur son âme, à la pensée que dans quelques heures peut-être, Mitsi aurait quitté ce monde. Certes, la mort de son fils ne le laissait pas insensible ; mais il avait été jusqu’alors trop peu véritablement père pour en souffrir profondément. En son cœur, l’amour dominait tout — l’amour pour Mitsi, mourante par sa faute. Et cette pensée le faisait frissonner de souffrance, d’amer regret.

Svengred était parti deux jours auparavant, pour aller chercher sur place les renseignements relatifs à la mère de la jeune fille, la belle Ilka Vrodno. Mais Christian songeait douloureusement : « À quoi bon, si elle meurt ? Que sa mère ait été véritablement ce que dit Parceuil, je n’en resterai pas moins assuré qu’elle, pauvre petite Mitsi bien-aimée, était loin de lui ressembler. »

Bientôt, incapable de demeurer immobile, il se leva et se mit à faire les cent pas sur la terrasse. Peu après, il entendit frapper à la porte de son cabinet. Mais il ne répondit pas, se doutant que c’était sa grand’mère. Dans la disposition d’esprit où il se trouvait, Christian ne se souciait pas d’entendre les vagues condoléances, les lieux communs qui sortiraient des lèvres de Mme Debrennes. Puis, d’après les dires de Svengred, n’avait-elle pas été une des premières à calomnier Mitsi, à rappeler méchamment son origine maternelle qui, selon elle, vouait la fille d’Ilka Vrodno à la déchéance ?… En vérité, quel cœur avait-elle donc, cette aïeule, pour ne pas éprouver compassion et sympathie à l’égard de l’enfant charmante qui en était si complètement digne ?

« C’est une âme froide, vaniteuse, songeait M. de Tarlay. Et cette Florine, en outre, exerce une mau-