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Christian, sans répondre, marcha vers une des portes-fenêtres ouvertes sur la terrasse et demeura un instant immobile, les bras croisés, le visage contracté par l’intensité de la pensée. Puis il se détourna brusquement, en disant d’un ton décidé :

— Il faut que je la refasse, moi, cette enquête sur la famille maternelle de Mitsi, sur l’existence de Georges Douvres à Vienne… Je crois me souvenir que mon père avait comme une arrière-pensée à ce sujet… et à ses derniers moments, il a prononcé quelques paroles, qui, maintenant, me donnent à penser que des doutes subsistaient en lui, que sa conscience lui reprochait peut-être de n’avoir pas cherché à approfondir cette affaire… Mon pauvre père était un parfait honnête homme, mais l’énergie n’était pas sa qualité maîtresse et la maladie lui ôtait d’ailleurs quelque peu de sa force morale. Moi, à ce moment-là, j’étais trop jeune, et d’ailleurs fort insouciant. Aussi les dernières paroles de mon père ne firent-elles alors aucune impression sur mon esprit. Mais tandis que je réfléchissais tout à l’heure à cette aventure de Georges, voici que je m’en suis souvenu… Et je veux m’assurer, par moi-même, de ce qu’était réellement la mère de Mitsi.

— Tu as raison, dit simplement Olaüs.

Christian mit les mains sur les épaules de son ami et plongea son regard dans les yeux chargés de mélancolie.

— Tu l’aimes, toi aussi, Olaüs.

— Je te réponds franchement : oui. Mais ne crains rien, je n’ai pas l’intention d’aller sur tes brisées. Sans parler de ma santé, trop précaire pour que je songe au mariage, je sais à l’avance lequel serait choisi de nous deux… Qu’il ne soit donc plus question de cela entre nous, mon ami. Notre intimité demeurera entière, tu me laisseras comme auparavant la