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— Ah ! les langues de vipère !… Et elle est malade, très malade, Svengred, après toute cette nuit passée dans la forêt !

— On le disait aussi… C’est donc bien vrai, pauvre petite ?

La voix de Svengred tremblait d’émotion.

— Oui, c’est vrai !… Et à cause de moi ! de moi qui l’aime pourtant… comme jamais je n’ai aimé personne !

Le pâle visage du Suédois frémit un peu, les paupières trop blanches, presque transparentes, s’abaissèrent un instant sur les yeux tristes.

Christian poursuivait, en marchant de long en large, d’un pas nerveux :

— Ce n’est pas du caprice, je te l’affirme, Olaüs ! Tu me connais, tu sais qu’en dépit des apparences, je ne suis pas un vulgaire viveur, et que je demeure très capable d’un attachement sincère, fidèle, pour la femme qui aura su prendre mon cœur. Eh bien, j’ai compris que cette femme-là était Mitsi… Mitsi à qui je puis donner toute mon estime, toute ma confiance, en même temps que mon amour.

Svengred dit brusquement :

— Et à quoi cela te mènera-t-il ?… Ton devoir, certes, serait de l’épouser, maintenant que, tout irréprochable qu’elle soit, tu l’as compromise aux yeux du monde. Mais son origine t’en empêche, surtout dans la situation que tu occupes.

— Il se pourrait cependant que ma situation pesât moins dans la balance que l’honneur de Mitsi, et que mon amour pour elle.

Olaüs jeta un coup d’œil stupéfait sur le visage frémissant, où les yeux étincelaient d’une lueur de passion que le Suédois n’avait jamais vue dans le regard de son ami.

— Tu ne veux pas dire que tu passerais outre ?…