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d’une voix un peu rauque. Tu as été assez misérable pour…

Christian l’interrompit d’un geste violent.

— Ah ! tais-toi !… tais-toi ! Tous les reproches que tu pourrais me faire ne vaudront pas ceux de ma conscience ! Oui, j’ai osé tenter cette admirable petite Mitsi, qui m’a repoussé… qui s’est enfuie, au hasard. C’est alors, sans doute, qu’ils l’ont vue, ces êtres qui sont si loin, si loin de la valoir, et qui s’empressent de jeter la boue sur elle…

Il s’interrompit, en passant sur son front une main frémissante.

— Tiens, j’oublie que parmi eux se trouvait ma grand’mère… Et elle n’est probablement pas la dernière à calomnier Mitsi, car j’ai remarqué de la malveillance, chez elle, à l’égard de cette enfant qui pourtant devrait inspirer uniquement estime et affection.

— Oui, c’est exact. Mme Debrennes va répétant qu’on ne pouvait attendre autre chose de cette jeune fille, vu sa déplorable ascendance.

Christian répéta :

— Sa déplorable ascendance ?… Et qu’en savons-nous, après tout ?… Parceuil prétend avoir fait une enquête après la mort de Georges Douvres. Mais il a pu procéder légèrement, ou être trompé… Car je m’étonne que Mitsi, avec sa distinction de patricienne, avec la rare valeur morale dont je viens d’avoir une preuve, ait pour mère une coquine quelconque, fille de vulgaires cabotins.

— Enfin, que ce soit exact ou non, il n’en demeure pas moins ce fait indéniable et désolant : la réputation de cette malheureuse enfant est perdue, par ta faute…

Christian serra les poings, en murmurant sourdement :