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qu’elle semble avoir, l’espoir est très permis. Mais d’après ce que m’a dit la personne qui la soigne, elle est restée toute la nuit dehors, avec ses vêtements mouillés. Cela peut nous donner une pneumonie corsée… Enfin, espérons, espérons !… Sa garde-malade a toutes mes instructions et je reviendrai d’ailleurs cet après-midi, pour voir l’enfant et elle.

En s’éloignant, le médecin songeait : « Hum ! Il a l’air de s’intéresser fameusement à la jeune personne, M. de Tarlay !… Pas étonnant, car elle est charmante… absolument charmante. Mais à quel propos a-t-elle été passer la nuit dans la forêt ? Qu’est-ce qu’il y a donc là-dessous ? »

Christian avait regagné la chambre de Jacques. Son cœur était lourd d’angoisse et de regret violent. Mitsi, la si jolie petite Mitsi allait peut-être mourir… et ce serait lui qui l’aurait tuée ! Ah ! vraiment, elle avait eu raison de le traiter comme elle l’avait fait ! C’était odieux à lui de s’attaquer ainsi à cette enfant pleine de réserve et de fière délicatesse, qui n’avait personne pour la défendre et se trouvait en quelque sorte sous sa dépendance. De plus, il n’ignorait pas le dévouement, les soins dont elle avait entouré Jacques, pendant la scarlatine qui avait failli l’enlever. Cela seul aurait dû suffire pour lui interdire de la traiter ainsi qu’il l’avait fait.

Mais il était si accoutumé à la fragilité des consciences féminines ! Il savait si bien que d’autres, à la place de Mitsi, auraient été trop heureuses d’être distinguées par lui, et, toute la première, cette Florine Dubalde, qui osait prendre un tel air de mépris quand elle parlait de Mitsi, la fille de la ballerine !

Dans l’état d’esprit où il se trouvait, Christian vit avec impatience apparaître sa grand’mère, vers neuf heures. La présidente était vêtue d’une robe de chambre en soie violette garnie sur le devant d’un