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du pavillon qui était à l’usage exclusif du châtelain. Adrienne, dont l’hostilité à l’égard de Mitsi n’avait fait que croître depuis que M. de Tarlay paraissait distinguer celle-ci, s’était hâtée d’apporter la nouvelle à Marthe, qui n’avait jamais caché sa sympathie pour l’orpheline et la confiance qu’elle lui inspirait. Cette fois encore, la lingère avait déclaré qu’elle ne croyait pas ces racontars… Mais, tout au fond d’elle-même, elle se disait : « Pauvre petite, si délicate, si honnête qu’elle soit, pourra-t-elle, seule, malheureuse, sans appui, résister à un homme tel que M. le vicomte, qui a tout pour plaire, et dont toutes les femmes sont amoureuses, dit-on ! hélas ! hélas ! »

Or, voici que Mitsi, dans son délire, racontait la scène qui s’était passée dans le pavillon. Marthe, les larmes aux yeux, songeait : « Pauvre enfant !… pauvre petite Mitsi ! C’est donc pour cela que Monsieur avait l’air si bouleversé, quand je suis entrée ici ! Il sent du remords, tout de même ! Et puis, s’il l’aime !… »

— Lâche !… lâche ! disait Mitsi, les dents serrées.

Et sa main s’étendait, battant l’air… Puis la tête brûlante retomba sur l’oreiller tandis que la jeune fille gémissait :

— Ah ! ils m’ont vue !… Ce Théodore !… Je suis perdue !

Marthe vit avec soulagement arriver le docteur Leroux. Celui-ci, après un sérieux examen, diagnostiqua une pneumonie… M. de Tarlay ayant donné l’ordre à Dorothy de le prévenir quand le médecin sortirait, apprit de sa bouche la gravité du mal qui terrassait la courageuse Mitsi.

Il s’informa avec une anxiété qu’il ne cherchait pas à dissimuler :

— Mais vous espérez pourtant la sauver, docteur ?

— Certes ! À son âge, et avec la bonne constitution