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XI


Sans trop de peine, Marthe avait réussi à ranimer Mitsi. Celle-ci, en ouvrant les yeux, jeta autour d’elle un regard d’angoisse et balbutia :

— Ah ! ici !… encore ici !

Puis, de sa main qui brûlait, elle saisit les doigts de Marthe et supplia, d’une voix haletante :

— Emmenez-moi de cette demeure !… Je ne veux pas y rester… Je ne veux pas « le » revoir !

— Mais, ma chère petite Mitsi, c’est impossible. Vous avez la fièvre, une très grosse fièvre…

— N’importe ! Je ne veux pas rester ici… « Il » va venir… il va me dire encore qu’il m’aime… avec ce regard !… ce regard !… Oh ! emportez-moi ! emportez-moi !

Elle se redressait, les yeux brillants, le corps frissonnant de fièvre. Le délire s’emparait d’elle. Avec l’aide de Dorothy qu’elle courut vite appeler, Marthe réussit à la déshabiller, à la coucher. Puis tandis que l’Anglaise allait retrouver le petit malade, la lingère demeura seule près de Mitsi.

Théodore, dès la veille, n’avait rien eu de plus pressé que de raconter, avec force commentaires calomnieux, comment il avait vu la jeune fille sortir